Par Ralph B.
On pensait alors que la tourbe de coir posait trop de problèmes pour l’utiliser seule, mais qu’elle causait des résultats indirects intéressants quand on la mélangeait à un terreau ou qu’on l’utilisait comme amendement pour améliorer la structure du terreau. La tourbe de coco a été présentée à la Royal Botanical Society en 1862 ; après un succès initial, on l’a relégué à l’arrière-plan à cause de ses problèmes inhérents. De nos jours, on l’utilise partout, en mélange ou telle quelle. Mais de quoi parlons-nous, et pourquoi le marché de l’horticulture a-t-il mis tout ce temps à l’accepter?
D’abord, les caractéristiques physiques et chimiques du coco sont uniques : elles se modifient spectaculairement avec le temps. Le paillis vert ou récemment récolté est en fait constitué de la poussière (et des fibres brisées) générée par le processus qui détache les fibres de la coque de la noix de coco. Cette matière est alors inutilisable. Après plusieurs mois de décomposition, elle commence à présenter des caractéristiques utilisables : elle retient mieux l’humidité, se met à relâcher le potassium et les autres sels à des taux raisonnables, et sa structure demeure stable. Pendant une courte période, la tourbe de coco est alors utilisable pour la production de plantes en pots.
La tourbe de coco doit aller plus loin pour travailler correctement avec la plante, mais alors une grande partie de la structure est perdue et la durée utilisable est sévèrement réduite. Même si les étapes suivantes de la dégradation du coco offrent de bons amendements de sols, elles ne conviennent pas comme substrat. Ses problèmes structurels, cependant, ne forment qu’une petite partie du problème.
Fig A1: Effet de la membrane semi-perméable
de la cellule végétale ; elle permet à l’eau de
passer d’une région de haute concentration
à une région moins concentrée.
La disponibilité des nutriments contenus est affectée par la décomposition continue. Les cocotiers ont la rare capacité d’utiliser une solution d’eau de mer comme source d’eau. L’eau de mer a une forte conductivité électrique, qui est la mesure de la concentration en sel. Les cellules végétales ont besoin d’une conductivité beaucoup plus basse. Pour que l’eau se déplace dans les racines d’une plante, elle doit surpasser la force osmotique des membranes que ses molécules doivent traverser.
L’eau se déplace dans la plante, d’une région à faible conductivité à une région possédant une plus forte conductivité, car elle vise l’équilibre. Lorsqu’une membrane semi-perméable isole les deux solutions, seuls certains éléments ou certaines molécules peuvent la traverser, généralement des molécules d’eau ou des molécules plus petites, en utilisant le processus de l’osmose. (Fig. A-1) Les membranes peuvent également être sélectivement perméables, c’est-à-dire permettre aux particules d’une certaine taille de passer, tout en bloquant les autres.
Si sa structure est bonne, la tourbe de coco retient environ 33 % plus d’humidité qu’un substrat de tourbe de sphaigne equivalent. Le substrat peut avoir l’air sec même s’il est encore très humide.
Fig A2 : Elle bloque le passage de
presque tout le reste
(Fig. A-2) Dans les mélanges de terreaux typiques, fertilisés aux taux recommandés, la conductivité électrique de l’humidité racinaire (qui comprend les engrais, c.à.d. les sels) est plus basse que la conductivité interne des cellules racinaires, ce qui permet à l’eau de se déplacer ou de se diffuser à travers les membranes frontalières. Comme la conductivité électrique de la masse racinaire s’approche de celle de la plante, le mouvement de l’eau ralentit et cesse.
Malheureusement, ce n’est pas tout, car elle peut se déplacer dans l’autre sens. C’est de cette façon que se produisent la plupart des « brûlures par le sel ». Pour compenser et tirer l’eau de la solution d’eau de mer (formée d’eau et de plusieurs sels différents) et la faire bouger dans la plante, le cocotier concentre les sels entre ses parois cellulaires, une région que l’on nomme « espace intercellulaire ». Cela cause une augmentation de la conductivité électrique interne, tout en permettant aux cellules de fonctionner normalement.
Le processus de récolte des fibres accroît également le taux de conductivité, car les coques de noix de coco sont préalablement trempées dans de l’eau de mer (c’est la source d’eau la plus abondante près du milieu de culture des cocotiers), qui imprègne ses sels dans tous les pores du coco. Quand la décomposition se produit, de grandes quantités de ces sels ressortent, particulièrement le potassium, l’élément que l’on trouve en plus grande quantité sous forme d’ions (sel).
Tous les nutriments utilisables deviennent disponibles pour les processus internes de la plante sous forme d’ions, d’atomes chargés ou de groupe fonctionnels comme les nitrates. Les ions s’influencent les uns les autres. Dans les processus végétaux, ils sont combinés de manière contrôlée. Dans une solution avec d’autres ions, sans contrôle, ils se combinent ou s’associent avec d’autres ions, de charge opposée. Ils influencent également la disponibilité des autres ions de charge similaire. On parle alors d’antagonisme : un élément faisant partie d’un vaste ensemble diminue la disponibilité d’un autre lorsque sa quantité est moindre.
Dans ce cas, alors que la concentration en potassium augmente, la disponibilité du calcium et du magnésium décroit. On appelle couramment cela un blocage. Avec les effets du pH et de la température, ces sels peuvent précipiter. Cela fonctionne dans l’autre sens : lorsque le calcium s’accroît, la disponibilité du potassium diminue. De plus, le potassium a la capacité de se déplacer dans une plante presque comme il le souhaite, et est surtout non réglementé. C’est une caractéristique que toutes les plantes ont adapté en harnachant ces ions afin qu’ils travaillent en se déplaçant.
D’accord, mais comment cela affecte-t-il l’utilisation de tourbe de coco ou de paillis ? Lorsque le coco se décompose, il « émet » des sels qui accroissent la conductivité électrique du substrat, ce qui peut causer des brûlures et un déséquilibre des taux de calcium, de magnésium et de potassium.. Plus vert est le coco, pire est le problème. Environ au moment où cette « émission » ralentit suffisamment pour permettre la culture, la structure a les caractéristiques de la fange et requiert des amendements comme de la perlite, du sable, des cailloux ou d’autres particules grossières afin de l’aérer. De plus, l’état de décomposition est à son plus fort : ce qui reste ne durera pas, et sera facilement lessivé du contenant. Nous savons que si l’on pouvait contrôler le taux de sels ET le rapport de ces sels plus tôt, nous aurions à la fois une bonne structure et un bon équilibre nutritif.
Fig. B : Le tamponnage équilibre
les éléments du substrat.
La tourbe de coco possède certaines caractéristiques physiques qui sont très bénéfiques à la croissance végétale. Elle est avant tout renouvelable, donc elle n’endommage pas les ressources naturelles. Elle utilise le produit final qui reste, une fois réalisées la culture et la récole de la précieuse noix. Au bon stade de décomposition, la tourbe de coco peut être utilisée comme substrat seule, sans ajout de perlite ou d’autres amendements durables.
La tourbe de coco elle-même a un pH relativement stable et sert de tampon du pH, dans une gamme qui convient à la croissance des plantes. Les particules de tourbe sont plutôt solides et grossières au départ. Une fois traitées et décomposées jusqu’à un certain point, cependant, elles deviennent comme des éponges, avec leur micropores qui retiennent l’eau pour qu’elle soit à l’écart des racines mais qu’elle demeure disponible pour remplir les plus gros pores, auxquels les racines ont accès. Cela limite l’excédent d’eau tout en gardant des réserves. Ces particules ne retiennent aucun ion, mais uniquement ce qui peut sécher sur les particules elles-mêmes ; tant que le substrat est humide, les nutriments sont donc disponibles.
Au bon stade de décomposition, les particules forment une combinaison d’air et d’eau idéale, car il y a plus d’espace pour l’air que pour l’eau avec les microspores retenant une réserve d’eau, qui sert de tampon. Contrairement à la tourbe de sphaigne, on ne trouve pas d’huile sur sa surface ; le mouillage des particules n’est donc pas un souci. L’élément crucial est la décomposition de la particule jusqu’au stade idéal. Un problème demeure : à ce stade idéal, la quantité de sels relâchée est encore élevée.
En contrôlant le processus de décomposition, en ajoutant la bonne solution tampon, en nourrissant les plantes avec les bons taux de nutriments pour contrebalancer les émissions du coco, on obtient des conditions idéales pour la culture. Si on ne tient pas compte du substrat, le résultat peut être désastreux. Même si la plante est bien nourrie, que les taux de nutriments sont idéaux, un seul arrosage avec de l’eau pure détruira le tamponnage, causant un choc pour la plante et le substrat et augmentant rapidement le taux de potassium.
En conséquence, les plantes qui n’ont pas assez de certains ions, comme le calcium (il en existe plusieurs), que ce soit à cause d’une alimentation trop pauvre ou d’un lessivage, montreront des signes de carences en ions et en autres éléments, alors que l’accumulation de potassium dans les tissus végétaux causera finalement une brûlure de la marge des feuilles, surtout au bout. L’horticulteur inexpérimenté croira tout de suite que les taux de nutriments sont trop élevés et que les sels posent problème ; il réduira la concentration d’engrais et lessivera le substrat. Or, bien sûr, cela ne fera qu’amplifier le problème. Pour cultiver sur du coco, l’important est d’utiliser la bonne alimentation pour équilibrer les produits relâchés par le coco, non seulement quant à la disponibilité, mais également quant au taux des minéraux les uns par rapport aux autres. (Fig. B) Il est tout aussi important d’arroser correctement.
Fig C1: Le test tactile :
on dirait qu’il faut arroser.
Si sa structure est bonne, la tourbe de coco retient environ 33 % plus d’humidité qu’un substrat de tourbe de sphaigne équivalent. Comme une grande quantité d’eau est entreposée dans les micropores, le substrat peut avoir l’air sec même s’il est encore très humide. (Fig. C-1, 2, 3). Les mêmes règles s’appliquent en terreau ou en mélange hors sol. Arrosez lorsque le contenant a perdu 50 % de la quantité maximale d’eau qu’il peut retenir contre la gravité (immédiatement après le drainage d’un contenant nouvellement arrosé). Pour réaliser cela correctement, il faut se fier au poids, qui changera avec le temps, la masse racinaire, l’humidité, la température et le tempérament de l’horticulteur (pensez au syndrome du pouce sur la balance).
Si on contrôle étroitement la décomposition et la taille des particules, le drainage se fera sans que vous ayez besoin d’ajouter quoi que ce soit (perlite, etc.), ce qui élimine les soucis liés à l’évacuation. On peut obtenir encore plus d’espace réservé à l’air en augmentant la quantité de fibres et de coques de noix de coco. Vous obtenez alors un substrat entièrement renouvelable et biodégradable, qui résiste au compactage.
Fig C2 : Le test tactile : c’est froid et humide
Finalement, si le pH du substrat est tamponné et contrôlé, il demeure plutôt constant pour toute sa durée de vie. Le substrat établit son pH entre 5,2 et 6,2 et s’y tient. Les produits à base de sphaigne, quant à eux, tentent de retourner à un pH de 4,5 ou moins dans les trois mois qui suivent la plantation. En utilisant un coco ayant le bon âge et la bonne porosité, vous devriez pouvoir cultiver et récolter pendant près d’un an avant de le remplacer. Le pH demeure convenable ; seule la structure se modifie et limite la durée de vie utile.
Fig C3 : Le test tactile :
pas encore prêt pour l’arrosage
En contrôlant le processus de vieillissement, en utilisant les bons taux des bons nutriments, et en pré-tamponnant la tourbe de coco, les horticulteurs peuvent s’attendre à obtenir un substrat idéal, équilibré, à la composition parfaite, ayant une bonne porosité, offrant un bon tamponnage et leur causant beaucoup moins de maux de tête que les mélanges de tourbe de sphaigne hors sol. Le substrat est un bon point de départ, mais pour compléter une récolte, il est essentiel d’utiliser aussi les bons nutriments. Le coco doit être « nourri » avec les plantes. Une fois que le substrat offre un tampon, ce qu’il fera selon les nutriments qu’on lui fournit, qu’ils soient bons ou mauvais, on peut l’effacer en arrosant le substrat à l’eau pure. Celui-ci ne retient rien et lessivera ses nutriments. La plante souffrira jusqu’à ce que le tampon soit rétabli.
Lorsque vous arrosez un substrat de coco dans lequel une plante croît, faites-le toujours avec une solution d’engrais contenant au moins une conductivité électrique de 0,6 mS/cm3. Cela préservera l’équilibre des nutriments les uns par rapport aux autres et vous assurera que vos plantes obtiennent exactement ce dont elles ont besoin.
Fig D1 : On peut cultiver une grande
variété de plantes avec succès sur le coco.
Poivrons, concombres, thym et tomates sur coco.
Lorsque tout est parfait, les plantes s’y portent à merveille. (Fig. D-1, 2) Une seule entreprise offre tous les éléments requis : CANNA. CANNA, toujours à la recherche d’idées novatrices dans le monde horticole, a commencé à explorer les possibilités du coco alors que la tourbe ne formait que des tas géants de débris, résidus de la production de fibres. Ces débris créaient des montagnes géantes de matière pourrissante dans les paysages des pays producteurs. Chaque année, les montagnes croissaient. Elles ont été les premières sources de tourbe de coco de CANNA, mais avant d’offrir ce produit aux consommateurs, CANNA a compris qu’elle devait mieux contrôler la substance pour recevoir la certification RHP. L’entreprise s’est mise à contrôler le produit dès la récolte, à travers le traitement, jusqu’à son entreposage dans de grands bunkers de béton pour un vieillissement parfait. Il est ensuite tamponné, emballé et livré.
Fig D2 : Basilic ‘Spicy Globe’ cultivé sur
substrat tamponné CANNA COCO
avec les engrais CANNA COCO A/B.
Tout cela est fait sans stérilisation à la vapeur, qui entraînait d’autres conséquences. En évitant la stérilisation à la vapeur afin de se conformer aux normes RHP, CANNA évite également les modifications chimiques dans le substrat, la transformation des nitrates en nitrites (toxiques pour la plupart des formes de vie) et, encore mieux, préserve l’activité des trichodermies naturelles, ce qui offre aux récoltes une protection inégalée par les entreprises concurrentes. La structure demeure intacte, l’émission de potassium demeure une variable connue et le produit est livré sans semences, sans insectes, sans maladies ni autres problèmes provenant du sol.
Comme le démontrent toutes ses gammes de produits, CANNA croit au concept du système complet. Il est essentiel d’éviter les erreurs. Le « système » de culture de coco, comprenant le substrat et les engrais, a été conçu après des années de recherche à l’interne et d’innombrables tests sur le terrain, afin d’offrir la bonne solution de culture, la composition et la concentration exactes de tous les éléments requis pour une culture sur substrat de coco (Fig. E).
Les engrais CANNA COCO (et COGr) sont conçus pour répondre précisément aux besoins du substrat tamponné CANNA COCO (et à ceux des plaques de COGr). Pour commencer et poursuivre l’expérience de culture sur coco, il n’y a pas de méthode plus facile ou meilleure.
Fig E : Les changements de la concentration des nutriments influencent la croissance (Souci ‘Dwarf Bolero’)